Affiche rouge

L'Affiche rouge. La couleur rouge est associée au communisme.

L’Affiche rouge est le nom donné à une affiche de propagande anticommuniste et antisémite allemande tirée à 15 000 exemplaires à partir de mi-février 1944 et placardée dans des villes et villages de France, lors d'une vaste campagne de propagande baptisée « L'armée du crime », présentant les Juifs comme globalement responsables d'une série d'attentats terroristes menés par des résistants communistes.

Cette campagne de propagande, lancée du 18 au 24 février 1944, sous l'occupation allemande de la Seconde Guerre mondiale, visait à soutenir la théorie du complot d'un « judéo-bolchévisme », en montrant une supposée responsabilité des Juifs dans la délinquance et le terrorisme, et de supposés liens avec le communisme, afin de valoriser la condamnation à mort le 17 février 1944 de 23 résistants communistes, en majorité juifs, fusillés par les Allemands quatre jours après et appelés Groupe Manouchian-Boczov-Rayman puis dix ans plus tard « Groupe Manouchian », du nom de son commissaire militaire Missak Manouchian.

Tract de propagande reprenant au recto l'affiche et dénonçant au verso le « sadisme juif » et « le complot de lʼAnti-France », février 1944. coll. Musée de la Résistance nationale, Champigny.

Un film est diffusé la même semaine aux actualités cinématographiques, alors qu'on recense 330 cinémas pour la seule ville de Paris[1], la campagne de propagande comportant aussi des tracts, brochures et interventions à la radio et dans la presse écrite, notamment un reportage du journal d'actualités Signal[2],[3]. Cependant, selon Adam Rayski, l'allégation selon laquelle les accusés auraient comparu dans une salle d'audience dans un grand hôtel parisien est un « énorme mensonge de la propagande allemande et vichyssoise »[4]. Les historiens doutent que les journalistes « français » et « étrangers » prétendant y avoir assisté aient été là[5].

Les 23 victimes appartenaient toutes aux FTP-MOI de la Résistance. Le tiers étaient des résistants polonais. Une dizaine, dont sept juifs, ont leur photo sur cette affiche qui a donné son nom à la première chanson de l'album de 1961 de Léo Ferré, mais ne sera appelée « affiche rouge » qu'à partir de cette chanson. Entre-temps, selon les historiens Annette Wieviorka et Stéphane Courtois, « le Parti communiste a effacé ses résistants juifs »[6],[7][pertinence contestée] au début des années 1950. La presse communiste et 10 000 manifestants avaient cependant, salué les « 23 héros du procès Manouchian-Boczov » le 21 février 1945, premier anniversaire de leur exécution sommaire. Le 80e voit en 2024 Missak Manouchian, accusé à tort de 56 attentats par l'affiche, entrer au Panthéon, avec son épouse Mélinée, où une plaque doit honorer les 22 autres du Groupe Manouchian-Boczov-Rayman, rebaptisé dans les années 1950 « groupe Manouchian », dénomination utilisée par les Allemands lors du procès en 1944.

  1. Claude Forest, « Chapitre II. Les années fastes », dans Les dernières séances : Cent ans d’exploitation des salles de cinéma, CNRS Éditions, coll. « CNRS Économie », , 57–87 p. (ISBN 978-2-271-07852-0, lire en ligne)
  2. Manessis 2024, p. 205.
  3. Paul Virilio et Marianne Brausch, Voyage d'hiver: entretiens, Editions Parenthèses, (ISBN 978-2-86364-610-6, lire en ligne)
  4. Adam Rayski, L'Affiche Rouge, op. cit., p. 60-62.
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