Conservatisme

Bande dessinée du caricaturiste américain Keppler, Udo J, illustrant le conservatisme[1].

Le conservatisme est une philosophie politique qui est en faveur des valeurs traditionnelles et affirme le primat du droit naturel sur la raison humaine. Le conservatisme prône la préservation d'une situation ou le retour à une situation passée dans les domaines social, politique, moral, culturel, religieux. En ce sens, il s'oppose au progressisme[2].

Pour Michael Freeden, le conservatisme croit seulement en un changement limité de ce qui est naturel ou organique. Pour les conservateurs, l'ordre social est indépendant de la volonté humaine[3]. Ainsi, le conservatisme s'oppose fortement au libéralisme à partir de ce qu'est ou doit être le droit ; les droits sont acquis et protégés par les institutions établies, et donc, ne sont pas innés ou attachés à l'individu[4],[5].

La critique conservatrice s'applique en général au progressisme : l'État n'a pas de finalité éthique et ne peut améliorer la société ou les individus[6]. Le conservatisme se divise, dans la réaction contre les Lumières (libéralisme, socialisme…), entre les partisans du droit naturel (aristotéliciens / thomistes) et les pessimistes héritiers de l'augustinisme[7],[8],[9]. La doctrine du droit naturel est une critique de l'humanisme, maintenant au sein de l'ordre politique, l'idée de hiérarchie et de l'hétéronomie ; le pessimisme moral suppose juste, sans toutefois souscrire au jusnaturalisme, de souligner les dangers ou l'impossibilité de la liberté humaine, de l'autonomie et de l'émancipation[10],[11],[12].

Le terme vient de « conserver », du latin conservare « maintenir, observer (une loi, une coutume) », composé de servare « préserver, garder ». Bien que ce ne soit pas une idéologie en soi, le conservatisme est une philosophie politique dont les idées sont en grande partie liées à leur contexte d'existence. Il est défini en partie par l'accent mis sur la tradition comme source de sagesse, bien au-delà de ce qui peut être démontré ou explicitement établi. Il se fonde sur la conservation d'un ordre préétabli, selon les conventions, chacun à sa place.

Le conservatisme ne doit pas être confondu avec la réaction (d'où le terme « réactionnaire ») ou avec l'immobilisme[13]. Souvent classé à la droite du spectre politique, il existe également une gauche conservatrice qui allie des idées sociales sur le plan économique et le conservatisme sociétal.

  1. (en) Udo J. Keppler, « Conservatism », sur www.loc.gov, (consulté le )
  2. « CONSERVATISME », sur Encyclopædia Universalis
  3. Voir Ashworth, p. 6, Liberalism and the emergence of IR in Ashworth, 1999, "Creating International Studies".
  4. Vincent Schnebel, « Les droits de l’homme, une œuvre critiquée par Edmund Burke », sur Les Chevaliers des Grands Arrêts,
  5. « L'histoire occultée du conservatisme », sur fr.danielpipes.org
  6. P. SCHOUPPE, « Le réalisme juridique », Revue interdisciplinaire d'études juridiques,‎ , p. 192 (lire en ligne)
  7. Francesco Paolo Adorno, « Pascal et le droit naturel », dans Les Pascal à Rouen, 1640-1648, Presses universitaires de Rouen et du Havre, coll. « Hors collection », (ISBN 979-10-240-1094-6, lire en ligne), p. 357–374
  8. Antonio Punzi, « Pour une philosophie réaliste du droit : Villey et les équivoques sur le droit naturel », Droit et société,‎ , p. 69-92 (lire en ligne)
  9. « "Le combat pour les Lumières n'est pas fini ! " », sur www.lhistoire.fr
  10. François, « L’éclipse des Lumières, ou le refus du péché originel », sur La droite d'avant,
  11. Jean-François Mattéi, « Platon ou l’humanisme », Cahiers du GADGES, vol. 4, no 1,‎ , p. 41–50 (lire en ligne)
  12. Matthieu Giroux, « Nicolas Berdiaev : le mal et la liberté chez Dostoïevski », sur PHILITT,
  13. « Qu'est-ce que l'immobilisme ? », sur journaldunet.com (consulté le )

From Wikipedia, the free encyclopedia · View on Wikipedia

Developed by Nelliwinne