Sacre des rois de France

Portrait de Louis XIV en costume de sacre, 1701, par Hyacinthe Rigaud.
Cathédrale Notre-Dame de Reims.

Du temps du royaume des Francs puis de France, l'avènement du nouveau roi était légitimé par la cérémonie de son couronnement avec la couronne de Charlemagne à Notre-Dame de Reims. Cependant, le roi n'avait pas besoin d'être reconnu comme monarque français ; le nouveau roi montait sur le trône automatiquement à la mort de son prédécesseur, cela étant symbolisé une première fois lorsque le cercueil du monarque précédent descendait dans la chapelle de la basilique Saint-Denis, et que le duc d'Uzès, premier pair de France, proclamait : « Le roi est mort, vive le roi ! »[1].

La partie la plus importante de la cérémonie du couronnement français n'était pas le couronnement lui-même, mais le sacre - c'est-à-dire l'onction d'une huile sainte sur le corps du roi. C'était ce qui différenciait le sacre des rois en France d'un simple couronnement, l’apposition de la couronne sur la tête du monarque étant le plus important des rituels dans d'autres royautés, contrairement à la France.

Le premier sacre d'un roi en France est celui de Pépin le Bref, principalement par alliance avec l'Église catholique pour assurer sa légitimité. Il est sacré une première fois en par une assemblée d'évêques du royaume des Francs réunie à Soissons et sans doute conduite par l'archevêque de Mayence, Boniface. Le dimanche , il est sacré une deuxième fois à Saint-Denis par le pape Étienne II qui donne aussi l'onction à ses deux fils, et bénit son épouse Bertrade ou Berthe de Laon.

Le premier monarque français à être couronné et sacré dans la cathédrale de Reims est Louis le Pieux en [2],[3]. Cela fut lié au premier roi de tous les Francs, Clovis Ier, baptisé en 496 (ou 499) par l'archevêque saint Remi à Reims. En 869 fut redécouverte dans la tombe du saint la Sainte Ampoule, plus tard ajoutée au rituel du sacre. L'huile miraculeuse passait pour avoir oint Clovis et avoir été amenée par une colombe descendue du ciel ; à partir de 1027, elle oint tous les rois francs puis de France à leur sacre[4], légitimant ainsi leur pouvoir de droit divin.

Le dernier sacre d'un roi de France fut celui de Charles X le dans la cathédrale de Reims[Note 1], où trente-trois souverains ont été sacrés en un peu plus de 1 000 ans. À partir des Ordines ad consecrandum et coronandum regem, des textes manuscrits de recueils liturgiques rédigés à Reims à la fin du règne de Saint Louis, on peut décrire précisément la liturgie de cette cérémonie.

Les insignes du couronnement comme le trône et le sceptre de Dagobert Ier ou la couronne et l'épée de Charlemagne ont été conservés dans la basilique Saint-Denis, près de Paris, et les instruments liturgiques à Reims comme la Sainte Ampoule et le Calice. Ils sont aujourd'hui encore partiellement conservés, surtout au Louvre et dans d'autres musées parisiens. La Sainte Ampoule était conservée dans un reliquaire ayant la forme d'une plaque ronde en or sertie de pierres précieuses et au centre de laquelle se trouvait une représentation en émail blanc de la colombe du Saint-Esprit, debout avec les ailes ouvertes et pointant vers le bas, dont la Sainte Ampoule formait elle-même le corps. Le reliquaire avait une lourde chaîne par laquelle il pouvait être porté autour du cou de l'abbé de l'abbaye de Saint-Rémi (où il était normalement gardé) quand ce dernier l'apportait, marchant pieds nus à la tête d'une procession de ses moines sous un dais porté par quatre gentilshommes à cheval, les otages de la Sainte Ampoule, de l'abbaye jusqu'aux marches mêmes du maître-autel de la cathédrale, où il remettait la relique à l'archevêque de Reims pour son usage dans le rituel du couronnement.

Les reines françaises furent sacrées avec leur mari à Reims ou seules à la Sainte-Chapelle ou à l'abbaye de Saint-Denis[5],[6].

  1. (en) « Coronations », sur publishing.cdlib.org (consulté le ).
  2. Laurent Theis, Clovis de l'histoire au mythe, éditions Complexe, 1996, p. 93.
  3. Gilles Baillat, Reims, éditions Bonneton, 1990, p. 57.
  4. (en) R. J. Knecht, Renaissance Warrior and Patron : The Reign of Francis I, Cambridge University Press, , 640 p. (ISBN 978-0-521-57885-1, lire en ligne).
  5. « Coronation », dans 1911 Encyclopædia Britannica, vol. 7 (lire en ligne).
  6. (en) J. L. Laynesmith, The Last Medieval Queens : English Queenship 1445-1503, Oxford University Press, , 294 p. (ISBN 978-0-19-924737-0, lire en ligne).


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