Vision humaine

La vision humaine est la perception liée au sens de la vue : pour les êtres humains qui en bénéficient pleinement, la vision joue un grand rôle dans leur vie en leur permettant, avec les autres sens, de connaître leur environnement ainsi que leur corps, et de guider leurs actions (manger, boire, se déplacer, communiquer…). À l’inverse, les déficiences visuelles ont de lourdes conséquences pratiques et psychologiques dans la vie quotidienne pour ceux qui en sont affectés (pertes d'autonomie, de confiance en soi).  Par ailleurs, la compréhension de la vision, en révélant aujourd’hui la relativité de la perception que chacun peut avoir du monde, permet aussi de mieux se comprendre soi-même et d'accepter les approches différentes des autres. Enfin, la vision a d'autres rôles, en particulier elle est une entrée pour l'horloge biologique interne et pour la régulation des hormones.

Comme toute perception, la vision comprend deux facettes : d’une part, le fait de voir (le ressenti, le phénoménal) ; d’autre part, les mécanismes (optiques, biologiques, cognitifs, voire incarnés) qui permettent de voir.

Toute personne voyante a un accès immédiat à une vision ressentie riche et colorée. Pourtant, la nature de cette expérience fait l'objet de nombreux débats philosophiques et scientifiques depuis l'antiquité car c'est une expérience consciente et les théories sur la conscience laissent toujours ouvertes de nombreuses questions, par exemple : la vision se manifeste-t-elle dans un esprit immatériel ou est-elle totalement d’ordre matériel ?

Quant aux mécanismes qui amènent à la vision, il a fallu de nombreux siècles pour arriver à en avoir une compréhension élaborée. Et ce n'est qu'à partir du XVIIe siècle qu'il devient clair que les rayons lumineux venant de l'environnement forment une image au fond de l’œil. Cette image serait transmise telle quelle au cerveau qui la restituerait ainsi à la conscience. Les approches actuelles (en particulier avec les sciences cognitives) font de la vision le résultat de processus bien plus complexes pour lesquels de nombreuses recherches restent toujours très actives.

Il apparaît ainsi que ce qui est vu présente des différences notables avec l’image qui se forme sur la rétine. Les illusions visuelles le montrent, comme l'illusion de Müller-Lyer qui fait voir des longueurs différentes pour deux segments, pourtant de même longueur. Les couleurs n’existent pas dans la réalité : elles sont en fait inventées par le cerveau (elles sont subjectives). Quant à la perception suggérée par le dessin d’E. Mach ci-dessous, c’est la perception la plus ordinaire qui devient extraordinaire car elle n’est plus consciente. Dernier exemple, il a été démontré que quelqu'un qui ne se sent pas raciste peut malgré tout être influencé par des préjugés inconscients qui lui feront voir de la colère sur l'image d'un homme noir qui, en fait, sourit.

Les processus de la vision permettent de comprendre ces distorsions. Déjà les yeux captent une image imparfaite, tout en commençant à discerner contrastes et contours. Cette image est ensuite décryptée par le cerveau (forme, mouvement, couleurs...), dans le cortex visuel, lors d'un travail qui fait communiquer de nombreuses aires. Puis, il s'agit de deviner ce qu'il y a sur l’image, en s’appuyant sur des connaissances acquises, des stéréotypes, jusqu'à des préjugés inconscients. Cette façon de faire permet de réagir vite, mais présente aussi des risques (en voiture , en avion...), car il y a des erreurs d'interprétation. Ces modes de fonctionnement ont été sélectionnés par l’évolution au cours des millénaires pour faire face à des situations mettant en cause la survie et ne sont plus forcément adaptées à toutes les situations actuelles. D'où l'idée de les améliorer : quelques possibilités ont été identifiées, en particulier pour diminuer la force des préjugés inconscients ou les réactions irréfléchies (la méditation, se mettre à la place de l’autre…).

« Vue depuis l'œil gauche »[1],[2],[a] « Cet autoportrait sans tête, ce portrait acéphale, c’est l’expérience de soi immédiate la plus commune que nous pouvons imaginer, puisque que c’est l’image que nous avons à chaque instant de nous, au moment même où, par exemple, j’écris ce texte et que je vois mes mains courir sur le clavier. Qui niera cependant le caractère fantastique, dès l’instant où on (se) la représente, de cette projection si banale et si quotidienne qu’elle en est devenue inconsciente ? »[3],[4] Ce dessin d'Ernst Mach montre que la vision la plus commune est devenue inconsciente tandis que chacun se voit de l'extérieur comme le peintre qui peint un autoportrait classique ou comme chacun se dessinerait[5]. Voir aussi pour ce dessin la suite de l'article et ailleurs.
  1. (en) « Self-Portrait by Ernst Mach (1886) », sur The Public Domain Review
  2. Robert W. Rodieck (trad. Françoise Koenig-Supiot et Olivier Thoumine), La vision, De Boeck, (ISBN 978-2-7445-0095-4), p. 328
  3. Jean Clair, « L'autoportrait au miroir absent » [PDF] (consulté le )
  4. « Le visage ou la représentation impossible - Nonfiction.fr le portail des livres et des idées », sur www.nonfiction.fr (consulté le )
  5. (de) Ernst Bloch, Aliénations I [« Verfremdungen I »], Suhrkamp Verlag, , Partie Effets d'éloignement : autoportrait sans miroir (Selbstporträt ohne Spiegel). Cette partie a été traduite de l'allemand par Yves Kobry et publiée dans les Cahiers du Musée national d'art moderne 14 en 1984.


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