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Russification de l'architecture polonaise. Façade du palais Staszic à Varsovie, avant 1890 (à gauche, sa reconstruction contemporaine), et après 1890.
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Le mot russification désigne plusieurs processus différents mais complémentaires, destinés à augmenter l’influence de la langue et de la culture russes. Cela se matérialise en l’occurrence par :
- l'adoption de la langue russe et, ou d'autres éléments de la culture russe (que cette adoption soit spontanée, volontaire ou imposée) par une communauté non russe ;
- l'influence du russe sur certaines langues slaves, baltes ou autres, parlées dans des régions contrôlées ou ayant été sous contrôle de la Russie, amenant à l'émergence dans ces langues de calques linguistiques du russe (« russismes »), voire de langues mêlées comme le trasianka en Biélorussie ou le sourjyk en Ukraine ;
- le changement de patronymes ou de toponymes dans les régions initialement non russes de l'Empire russe puis de l'URSS, comme Haydar Ali devenant Gaïdar Aliev ou Cetatea Albă devenant Belgorod-Dniestrovskyï ;
- les politiques démographiques, culturelles et économiques, tant officielles que non officielles de la Russie impériale et de l'Union soviétique à l'égard des différentes nations et minorités nationales qui les composaient, afin d'asseoir la domination russe (domaine qui inclut des déportations, des transferts par l'affectation professionnelle, le choix du russe comme seule langue de communication inter-ethnique, l'interdiction des symboles locaux, la promotion préférentielle de la culture russe, l'architecture…).
En politique, un des éléments de russification est la nomination de Russes aux postes clés de l'administration des institutions nationales. Dans le domaine de la culture, la russification passe d'abord par la domination du russe dans les échanges officiels, et sa prise d'ascendance sur les autres langues nationales. Les changements démographiques, avec notamment l'arrivée massive de populations russes (colonisation…) peuvent être considérés également comme des formes de russification.
Certains universitaires distinguent la russisation, soit le développement de la langue et de la culture russes, ainsi que l'installation de Russes dans des régions et des cultures non russes, de la russification, processus de changement d'identité ethnique, avec changements d'ethnonyme[1]. En ce sens, la diffusion de la langue et de la culture russes, l'installation de Russes dans le cadre de la russification ne peut être assimilée aux effets d'un rayonnement culturel. Bien que la plupart des personnes confondent les deux notions, l'une ne mène pas forcément à l'autre, et ce dans les deux sens.
- ↑ Aspaturian, V. V. « The Non-Russian Peoples ». In Kassof, A. (1968). Prospects for Soviet Society. New York : Praeger. 143-198. (en) Aspaturian distingue également la russisation et la russification de la soviétisation, processus visant à l'extension du modèle institutionnel soviétique et à la refonte des relations socio-économiques selon un modèle socialiste soviétique en accord avec la vision du Parti communiste au pouvoir.