Cas9

Cas9
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CRISPR-associated endonuclease Cas9, HNH nuclease domain, protein family (d), CRISPR-associated endonuclease Cas9, bridge helix, protein family (d), CRISPR-associated endonuclease Cas9, PAM-interacting domain, protein family (d), Cas9-type HNH domain, protein family (d), CRISPR-associated endonuclease Cas9, REC lobe, protein family (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Une structure du Cas9 de S. aureus dans un complexe avec un ARN guide (haut) et son ADN cible (bas)[1].

Cas9 (CRISPR associated protein 9) est une protéine d'origine bactérienne aux propriétés anti-virales. Sa capacité à couper l'ADN au niveau de séquences spécifiques en a fait un outil de biologie moléculaire aux vastes perspectives d'utilisation.

C'est une endonucléase d'ADN guidée par ARN, c'est-à-dire une enzyme spécialisée pour couper l'ADN avec deux zones de coupe actives, une pour chaque brin de la double hélice.

La protéine Cas9 est associée au système immunitaire adaptatif type II de CRISPR (Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats). Cette enzyme peut être utilisée en génie génétique pour modifier facilement et rapidement le génome des cellules animales et végétales. Des outils permettant d'éditer le génome existaient depuis les années 1970 mais étaient bien moins efficaces, plus complexes et bien plus coûteux que Cas9. Cette technique Crispr-Cas9, dite des « ciseaux moléculaires », fait beaucoup parler d'elle, entre espoirs de guérir des maladies génétiques et risques de dérives éthiques. Ces questions liées à la modification génétique renvoient directement à la Convention sur les droits de l'homme et la biomédecine de 1997, dont l'article 13 est consacré aux interventions sur le génome humain. Il est écrit qu'« une intervention ayant pour objet de modifier le génome humain ne peut être entreprise que pour des raisons préventives, diagnostiques ou thérapeutiques et seulement si elle n'a pas pour but d'introduire une modification dans le génome de la descendance. »[2]

Depuis sa découverte, la protéine Cas9 a été largement utilisée comme outil d'ingénierie du génome pour produire des ruptures du double brin d’ADN ciblé. Ces cassures peuvent conduire à l’inactivation de gènes ou à l'introduction de gènes hétérologues par jonction d'extrémités non homologues ou par recombinaison homologue chez de nombreux organismes. Parallèlement aux nucléases à doigt de zinc et aux protéines TALEN, Cas9 est devenu un outil de premier plan dans le domaine de la génomique. Cas9 a gagné en popularité de par sa capacité à couper l’ADN précisément à n’importe quel emplacement complémentaire de son ARN guide[3]. Contrairement aux méthodes TALEN et à doigts de zinc, le ciblage de l'ADN par Cas9 est direct et ne requiert pas de modification de la protéine mais seulement de l'ARN guide[4],[5]. Des versions modifiées de la protéine Cas9 qui se lient mais ne coupent pas l'ADN (dCas9) peuvent être de plus utilisées pour localiser des activateurs ou des suppresseurs de transcription de séquences d'ADN spécifiques afin de contrôler l'activation et l’inactivation de la transcription de certains gènes[6],[7]. Le ciblage Cas9 a été notamment simplifié grâce à la création d’ARN chimérique unique. Des scientifiques ont suggéré que la technologie Cas9 avait le potentiel pour modifier les génomes de populations entières d'organismes[8]. En 2015, des scientifiques en Chine ont utilisé Cas9 pour modifier le génome d'embryons humains pour la première fois[9]. Depuis 2015 et toujours en Chine, des patients atteints notamment de cancers, sont traités à l'aide de CRISPR-Cas9[10].

En octobre 2020, le prix Nobel de chimie a été attribué à Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna pour le développement d'une méthode d'édition du génome : le système d'édition CRISPR-Cas9[11].

  1. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Nishimasu
  2. « Convention sur les Droits de l'Homme et la biomédecine », sur www.rm.coe.int, (consulté le ).
  3. Martin Jinek, Krzysztof Chylinski, Ines Fonfara et Michael Hauer, « A programmable dual-RNA-guided DNA endonuclease in adaptive bacterial immunity », Science (New York, N.Y.), vol. 337, no 6096,‎ , p. 816-821 (ISSN 1095-9203, PMID 22745249, DOI 10.1126/science.1225829, lire en ligne, consulté le ).
  4. (en) Le Cong, F. Ann Ran, David Cox et Shuailiang Lin, « Multiplex Genome Engineering Using CRISPR/Cas Systems », Science, vol. 339, no 6121,‎ , p. 819-823 (ISSN 0036-8075 et 1095-9203, PMID 23287718, PMCID PMC3795411, DOI 10.1126/science.1231143, lire en ligne, consulté le ).
  5. Prashant Mali, Kevin M. Esvelt et George M. Church, « Cas9 as a versatile tool for engineering biology », Nature Methods, vol. 10, no 10,‎ , p. 957-963 (ISSN 1548-7105, PMID 24076990, PMCID PMC4051438, DOI 10.1038/nmeth.2649, lire en ligne, consulté le ).
  6. Prashant Mali, John Aach, P. Benjamin Stranges et Kevin M. Esvelt, « CAS9 transcriptional activators for target specificity screening and paired nickases for cooperative genome engineering », Nature Biotechnology, vol. 31, no 9,‎ , p. 833-838 (ISSN 1546-1696, PMID 23907171, PMCID PMC3818127, DOI 10.1038/nbt.2675, lire en ligne, consulté le ).
  7. Luke A. Gilbert, Matthew H. Larson, Leonardo Morsut et Zairan Liu, « CRISPR-Mediated Modular RNA-Guided Regulation of Transcription in Eukaryotes », Cell, vol. 154, no 2,‎ , p. 442-451 (ISSN 0092-8674, PMID 23849981, PMCID PMC3770145, DOI 10.1016/j.cell.2013.06.044, lire en ligne, consulté le ).
  8. Kevin M. Esvelt, Andrea L. Smidler, Flaminia Catteruccia et George M. Church, « Concerning RNA-guided gene drives for the alteration of wild populations », eLife, vol. 3,‎ (ISSN 2050-084X, PMID 25035423, PMCID PMC4117217, DOI 10.7554/eLife.03401, lire en ligne, consulté le ).
  9. (en) David Cyranoski et Sara Reardon, « Chinese scientists genetically modify human embryos », Nature,‎ (DOI 10.1038/nature.2015.17378, lire en ligne, consulté le ).
  10. (en-US) Preetika Rana, Amy Dockser Marcus et Wenxin Fan, « China, Unhampered by Rules, Races Ahead in Gene-Editing Trials », Wall Street Journal,‎ (ISSN 0099-9660, lire en ligne, consulté le ).
  11. Official website of the Nobel prize

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